Bruxelles ouvre les produits bio à  la chimie

Les aliments signalés en France par le label AB pourront-ils être produits avec des traitements chimiques et contenir des OGM ? C’est ce que permettrait le nouveau règlement de Bruxelles, s’il était adopté.


Jusqu’à  maintenant, l’agriculture bio interdit l’usage des pesticides chimiques dans les cultures, prohibe les semences OGM et les traitements allopathiques pour les animaux (sauf exception).
Ces principes de base pourraient voler en éclats avec la proposition de règlement, concoctée par la commission européenne, qui vient d’être présentée aux 25 ministres de l’agriculture européens. Un règlement qui doit être voté en un temps record, d’ici à  juin.
Ce texte autoriserait l’usage de pesticides chimiques, à  défaut de traitements agréés en bio. Dans le même temps, ces traitements bio – comme le purin d’orties – sont menacés car ils doivent prouver qu’ils sont sans danger, en subissant les mêmes séries de tests onéreux que les pesticides chimiques. Tout aussi paradoxal, le seuil de 0,9% d’OGM dans les produits bio est accepté par le règlement. Enfin, élevage, les animaux pourront être soignés avec des médicaments allopathiques, si les soins bio sont jugés inefficaces (le texte ne dit pas par qui).
Aucun état membre n’aurait le droit de poser des exigences supérieures à  celles de ce règlement. Et si certains producteurs veulent tout de même se montrer plus stricts, ils ne seraient pas autorisés à  le préciser sur leurs étiquettes.
Les paysans bio s’opposent à  ces nouvelles règles et demandent le retrait pur et simple du règlement. Les consommateurs le contestent également. Le réseau de magasin Biocoop a déjà  écrit au ministre de l’agriculture pour lui demander de refuser ces dispositions l’association Nature et progrès appelle les consommateurs à  s’opposer massivement au texte.

Anne-Françoise Roger

Ouest-France du 25/01/06

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